Article de Liliane Sichler dans Marianne N°530 du 19-22 Juin 2007

François Micheloud est la providence des riches du monde entier. Il faut bien une pour ces dorés sur tranche à qui chacun promet l'enfer en les jalousant. Micheloud, lui, les accueille dans son bureau perché en haut d'une tour baroque, façon Viollet-le-Duc, dominant Lausanne. Franc comme l'or, l'homme annonce la couleur : "Je propose mes compétences à des gens plus ou moins riches, pas seulement les nababs qu'on pourrait imaginer : à partir de 700 000 Euro de fortune, je peux être opérationnel."

Devant lui, une table imprimée d'une carte de la Suisse brille sous le soleil de la verrière. C'est là que viennent s'accouder tous les riches traqués du monde qui lui demandent aide et réconfort. Micheloud écoute, calcule et propose des solutions clefs en main. C'est-à-dire un programme sur mesure d'installation du riche immigrant sur le territoire suisse : permis de séjour, forfait d'impôt proposé par le canton choisi, écoles pour les enfants et option d'achat pour la maison ou l'appartement.

Beaucoup d'Anglais, en ce moment, tâtent le terrain. "Ils craignent l'arrivée de Gordon Brown, un travailliste de plus après Tony Blair, explique-t-il. J'ai reçu aussi de nombreux Français, il y a quelques années. Ils fuyaient l'ISF. Et pas seulement les artistes connus qui défraient la chronique. Pour chaque chanteur, vous avez 100 patrons de PME qui arrivent avec 2 ou 3 millions d'euros de répondant. Ils ne les ont pas volés : on peut être riche sans avoir accaparé l'argent des autres. Je peux en témoigner !"

Micheloud reste quand même avare de détails : personne dans son discours ne pourra identifier le moindre "réfugié" de l'ISF, ni deviner pour quel paradis de millionnaire ces SDF de luxe demandent le plus souvent la "carte de séjour VIP".

Pour consoler les curieux et les faire rire, car l'animal a décidé que la vie était une farce, Micheloud offre à chaque visiteur qui le quitte de choisir un lingot empaqueté de papier doré dans un petit coffre. Un lingot en chocolat, bien sûr, sans dire où sont les vrais.