L'extrémité du Grand-Chêne, du côté de Montbenon, va se transformer entièrement. Une maison, qui sera à coup sûr la plus vaste et très probablement la plus belle de Lausanne, s'édifiera sous peu sur l'emplacement de la vieille maison Dufour et des écuries adjacentes. C'est M. Jean-Jacques Mercier qui l'a fait construire, sur les plans préparés par M.Francis Isoz, l'architecte du château d'Ouchy.

Le nouveau bâtiment empruntera non seulement le sol des deux vieilles maisons à démolir, mais la superficie entière du jardin à l'occident et du talus au nord, jusqu'à la gare du Flon. De ce côté-là, il n'aura pas moins de 9 étages - presque la dimension d'un des fameux sky scrapers de Chicago ! Sur la rue du Grand-Chêne, en revanche, on ne dépassera pas la hauteur réglementaire de 18 mètres jusqu'à la corniche. C'est suffisant pour de grands magasins avec entresols et pour 3 étages d'appartements. La Maison sera construite toute entière en pierres de taille, calcaire d'Arvel, probablement, comme le Château d'Ouchy. Elle aura grande allure. La façade, du côté du Chêne, très soignée de dessin, comporte des pignons à ses deux extrémités, et, au tiers de sa longueur à peu près, une tourelle à clocheton pointu. A l'occident, du côté de Montbenon, et au nord, face au Grand-Pont, l'uniformité des façades sera également rompue par des motifs architecturaux appropriés au caractère général de l'édifice et faisant saillie sur les murs et les toits.

Cette vaste construction ne ressemblera donc à aucun degré à une caserne ou à un immeuble locatif quelconque. Elle aura du style, de la silhouette et du relief.

En outre, particularité originale, elle possédera des magasins non seulement du côté de la rue, mais des deux autres côtés.

Une terrasse, bordée d'une galerie de pierre, donnera accès aux magains de l'occident et du nord. Au-dessous de la terrasse, on trouvera encore 5 étages de bureaux et de locaux de diverses nature.

Enfin, point qui touche la population de Lausanne dans son ensemble, M. Mercier se propose de construire, devant son immeuble, à l'occident, un large escalier qui relierait l'entrée de Montbenon à la gare du funiculaire. Des négociations ont été entamées à ce sujet avec la commune. Il faut espérer qu'elles aboutiront à une entente.

Ajoutons encore que la grande maison de M. Mercier, qui constituera pour cette partie de la ville un embellissement considérable, sera munie d'un ascenceur, d'un monte-charge, d'un chauffage central à la vapeur et d'une petite usine spéciale pour la production de chauffage électrique.