Amnistie fiscale
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France 2, 7 mai 2004
TJ 20h00

Inteview de M.Micheloud au TJ de 20h00 suite à la proposition du gouvernement Raffarin d'instaurer une aministie fiscale. Réaction sur le plateau de Dominique Strauss-Kahn


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"Je pense que cela va beaucoup dépendre de la manière dont les gens vont ressentir la proposition à savoir : vont-ils pouvoir payer un impôt et être quitte ou pas mais surtout du taux d'imposition qui va s'appliquer à ces dépôts."
François Micheloud

RETRANSCRIPTION DU REPORTAGE 

Béatrice Schonberg : "Beaucoup de bruit à propos de la taxe sur les capitaux rapatriés en france, pour financer un fond de cohésion socialeJean-Pierre Raffarin propose une forme d'amnistie d'évasion fiscale, une taxe inspirée par l'expérience allemande. Cette amnistie, pour l'argent emporté en fraude à l'étranger suscite de nombreuses réactions et nous écouterons dans un instant celle de Dominique Strauss-Kahn qui est notre invité, mais voyons d'abord le reportage ; Martin Guesse, Frédéric Rotaz."

Voix off : La Suisse, le paradis fiscal par excellence, les grandes fortunes du monde entier connaissent ses banques et leurs secrets, un flux d'argent pratiquement continu. Chaque année ce sont ainsi 1,5 mia d'euros qui quittent la France pour la Suisse, on vous propose même de vous aider à ouvrir un compte sur internet. Tous les gouvernements européens veulent faire revenir cet argent parti à l'étranger ; au début de cette année, l'Allemagne s'y est mise : c'est l'exemple choisi par Jean-Pierre Raffarin. Mais avec une taxation de 20% des capitaux rentrants, le retour est difficile et pour le gouvernement allemand, c'est l'échec. 

Dieter Ebeling : " Il avait espéré récupérer 2 mia d'euros et en réalité, dans les 3 premiers mois de cete année, il n'en a récupéré que 77 mio, ce qui n'est pratiquement rien."

Voix off :En Italie, l'amande était plus faible, seulement 2,5% des capitaux échappés. L'argent est revenu, mais pour repartir aussi tôt, car le problème, ce n'est pas le retour, mais ce que l'Etat fait payer après.

François Micheloud : "Je pense que cela va beaucoup dépendre de la manière dont les gens vont ressentir la proposition à savoir : vont-ils pouvoir payer un impôt et être quitte ou pas mais surtout du taux d'imposition qui va s'appliquer à ces dépôts."

Voix off :L'amnistie fiscale française en 1996 n'avait fait revenir que 240 mio d'euros. Ce soir, Matignon précise que le projet n'est qu'à l'étude au ministère des finances.

Béatrice Schonberg : "Dominique Strauss-Kahn bonsoir, ce projet n'est qu'à l'étude, mais vous devez tout de même avoir un mot de réaction, que pensez-vous de cette forme ?"

Dominique Strauss-Kahn :" La France va mal, les Français souffrent deu chômage, beaucoup de gens qui avaient trouvé un emploi quand Lionel Jospin était premier ministre le perdent, les expulsions locatives se multiplient et c'est dans ce contexte qu'ils ont voté contre le gouvernement aux élections régionales.

Béatrice Schonberg : "Peut-on commencer par la taxe si vous voulez bien."

Dominique Strauss-Kahn :"J'y viens, je voulais juste expliquer pourquoi elle n'est pas acceptable. Les Français ont voté contre mais le gouvernemtn a fait semblant de les entendre. Je pense que le président de la République n'a pas simplement pas entendu, mais a eu tort de faire semblant. Les propositions qui sont faites aujourd'hui, sont des propositions qui vont exactement à l'encontre de ce qui a été annoncé. La Justice...

Béatrice Schonberg : "Alors, si vous voulez bien, pour que chacun comprenne, nous allons prendre mesure par mesure et prenons cette taxe sur l'évasion fiscale..."

Dominique Strauss-Kahn :"... La justice n'est pas au rendez-vous ; quand on propose une taxe qui consiste à rappatrier de l'argent de fraudeurs, on ne peut pas prétendre que ce soit une action de justice. Les Français on dit :"on veut que l'on se préoccupe plus de la question sociale." et on leur répond par une mesure injuste."

Béatrice Schonberg : "Une mesure injuste par rapport à la morale ou à l'efficacité ?"

Dominique Strauss-Kahn :" La morale passe avant l'efficacité. Si c'était efficace, cela pourrait justifier quelque chose qui serait moral, mais tout ça n'est pas moral et donc de toute façon, ce n'est pas le genre de mesure dans lequel il faut s'engager..."

Béatrice Schonberg : "Alors l'Italie..."

Dominique Strauss-Kahn :"On essaye de masquer ce genre de mesurette qui font discuter, comme vous l'avez dit fond beaucou parler. La réalité de la politique est à l'oeuvre, mais la confiance ne se créé pas comme ça. Et je crains beaucoup qu'en recherchant, par une liste de mesures comme il nous a été annoncé, à montrer quelque chose que les Français n'attendent pas, qu'on détruise la confiance car il n'y a pas de justice et pas de vérité au rendez-vous."

Béatrice Schonberg : "Alors Nicolas Sarkozy a plaidé justement pour ce retour à la confiance. Vous même étiez à Bercy et avez plaidé pour ce retour à la confiance nécessaire à cette époque pour la relance de l'économie, cela va dans le bon sens."

Dominique Strauss-Kahn :"Non, le retour à la confiance est nécessaire, mais cela ne créé pas la confiance, cela créé la défiance. L'orsqu'un gouvernement fait plus de communications qu'il ne prend vraiment de politique, lorsqu'un gouvernement ne se préoccupe pas véritablement d'avoir une ligne sur l'emploi qui est le sujet principal pour la confiance des Français, que vous venez d'évoquer, alors on ne peut pas être surpris..."

Béatrice Schonberg : "La relance de la consommation..."

Dominique Strauss-Kahn :"Justement, la contradiction qui est au centre de la relance de la consommation, c'est que les quelques ressources que le gouvernement a, il les donne à ceux qui sont les plus riches, notemment par la baisse d'impôt, qu'il l'épargne et qu'il ne consomme pas. Tant qu'on ne résoud pas cette contradiction la, il n'y a pas de politique de croissance et pas de politique de l'emploi dans notre pays"

Béatrice Schonberg : "L'augmentation du SMIC de 5% va dans le bon sens."

Dominique Strauss-Kahn :"L'augmentation du SMIC va évidemment dans le bon sens, elle est régulière depuis des années. On est très loin de ce qu'il faudrait pour avoir, dans notre pays, aujourd'hui, une politique économique. Et dans ces conditions, je vcrains que la confiance ne revienne pas. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que d'autres question qui ont été parmis les mesures comme les actions qui touchent au domaine social..."

Béatrice Schonberg : "Alors l'instabilité sociale, juste une seconde..."

Dominique Strauss-Kahn :"Laissez moi y venir..."

Béatrice Schonberg : "Mais on a justement envie de vous entendre à ce sujet : la chasse au gaspillage, la chasse aux abus, 6 mia d'économies sur quelques années, la réforme est un lien avec le pacte social. Que proposez-vous?"

Dominique Strauss-Kahn :"A nouveau, vous le voyez bien, il ne s'agit pas d'une liste de petites mesures, qu'il faut faire. D'abord, il faut avoir un objectif : garder la sécurité sociale et donc refuser les dérogations. Ensuite, il faut avoir une méthode, et ce que je reproche au gouvernement, c'est justement qu'il n'a pas de méthode. Nous avons traité des retraîtes, maintenant on traite de l'assurance maladie, demain de l'ulédique. Alors que c'est toute la corbeille sociale de notre pays qui est aujourd'hui en discussion. Il faut une discussion sur l'ensemble du pacte social, c'est le mot que vous-même employez. Et pour discuter avec les Français et les syndicats du pacte social, de la façon dont, dans les années qui viennent, puisque les temps changent, nous alons pouvoir nous occuper de la question sociale, on ne va pas aligner des petites mesures les unes derrières les autres. Il faut de la méthode.

Béatrice Schonberg : "Donc vous êtes pour une grande réforme."

Dominique Strauss-Kahn :"Oui, et il faut de la méthode et aujourd'hui il n'y a pas de méthode, il y a des mesurettes, et il faut aussi, disont le clairement, il faut de la transparence, c'est bien de dire qu'il y a des fraudeurs, c'est mal d'accuser tous les Français comme j'ai entendu le ministre de la santé il y a quelques jours à propos de la carte vitale. Or l'Etat lui-même est le plus grand des fraudeurs, regardez le."

Béatrice Schonberg : "Mais Dominique Strauss-Kahn, que fait on quand il y a 13 mia de..."

Dominique Strauss-Kahn :"Eh bien justement, on évite de prendre à la sécurité sociale ce qui lui revient. toute la surtaxation du tabac et de l'alcool va aller à l'Etat alors qu'elle devrait aller à la sécurité sociale. Rendons les comptes transparents, ayons une méthode de discussion sur le..."

Béatrice Schonberg : "Mais qu'est-ce qu'on a fait avant ?"

Dominique Strauss-Kahn :"Avant, c'était consacré à une question sociale, c'était les 35 heures. Le gouvernement l'a retiré de la question sociale et des 35 heures, et l'a rendu à l'Etat, il faut le laisser au social et en l'occurence à l'assurance maladie. Et si'lon fait ça, ce sera déjà 11 mia que l'on aura trouvé. Une méthode, une transparence, la vérité sur ce qui se passe et à ce moment là on peut espérer retrouver la confiance. Mais ajourd'hui on a rien de tout celà et en plus, on a des branlements que chacun voit à la tête de l'Etat, alors entre la concurrence que se livrent les ministres ou premier ministre fait que, honnêtement, je crains que pour notre pays, la confiance n'est pas au dendez-vous."

Béatrice Schonberg : "Alors si vous le voulez bien, une question sur les intermittents, je sais que vous êtes un homme qui aime l'art, un homme de culture, on est à quelques jours du festival de Cannes, que dites-vous aux intermittents, est-ce que vous en appelez à leur responsabilité?"

Dominique Strauss-Kahn : " [rires] C'est une manière de poser la question. Je la poserai differemment. On s'est moqué des intermittents. Le président de la république, au lendemain des élections régionales a dit aux intermittents : "On s'est trompés, on va régler le problème." Et
aujourd'hui on ne le règle pas. On a avancé quelques malheureux millions, qu'ils ont évidemment pris our une aumône et els avaient raison. Je ne souhaite pas qu'ils bloquent les festivals, puissent avoir lieu, mais avant cela, la bonne méthode pour y arriver, ce n'est pas de demander aux intermittents de s'asseoir sur leurs revendications ou d'y renoncer, c'est de régler le problème des intermittents et de ne pas s'en moquer, dès que vous écoutez ce que les Français ont dit quand ils ont voté le 21."

Béatrice Schonberg : "N'a-t-on pas laissé faire pendant trop d'années, précisément sur ce domaine ?"

Dominique Strauss-Kahn : "Sans doute qu'il y a un problème sur le régime des intermittents personne ne le nie, mais le fait qu'il y ait un problème ne veut pas dire qu'il doit être réglé uniquement au dépens de ces intermittents. Et de devoir encore moins dire que l'on peut être le président de la république en France, intervenir après des élections perdues, dire aux français, dans une formule qui reprenait un "je vous ai compris" qui était plus ancien et ensuite voir que le mois qui suit, aucune des mesure que l'on attendait n'est prise, aucune des solutions n'est apportée. Croyez vous vraiment, vous qui parliez à juste raison de confiance, que c'est comme cela que l'on peut la retrouver et mener une politique dans notre pays ?

-Béatrice Schonberg : "Merci Dominique Strauss-Kahn d'avoir répondu en direct à nos questions."


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