France 2 : journal 20h France 2, 21 février 2001 Olivier Carow RETRANSCRIPTION DU REPORTAGE (aussi disponible en Real Video) Remise officielle aujourd’hui d’un rapport de la mission d’information de l’assemblée nationale contre le blanchiment d’argent. C’est la Suisse qui est en position d’accusé dans ce rapport. Selon les parlementaires, la Suisse ne livre qu’un combat de façade avec, je cite, des moyens notoirement insuffisants. Dans les pratiques, il est vrai que les organismes financiers installés en Suisse ne lésinent pas sur les moyens pour attirer les fonts. Enquête Olivier Carow et Delphine
Detrie. L’adresse est bien connue des initiés. A Lausanne facile de trouver de l’aide pour ouvrire un compte en Suisse. Il suffit d’aller devant le plus beau palace de la ville. Là, juste en face, dans cet immeuble, quelqu’un vous attends : M. Micheloud: | | « Bonjour, bienvenue » On l’appelle un chasseur de riche, un intermédiaire entre les clients étrangers et les banques locales. Votre argent, l’intéresse mais vous allez d’abord devoir lui inspirer confiance : venir d’un pays honorablement connu, avoir des ressources, évidemment et pouvoir justifier de leur origine. S’il vous croit, comme le promet son site Internet, la Suisse est a vous. Avec ses comptes numérotés et ses sociétés fiduciaires si discrètes. |
M. Micheloud: | | « Un client peut mentir et peut éventuellement, dans certains cas, rentrer dans une banque, cela peut arriver. A nous ça ne nous est jamais arrivé, touchons du bois mais disons que cela peut arriver. Maintenant une fois que le client est dans la banque il ne faut pas penser qu’un client malhonnête, un truand, un mafieux qui a des fonds a blanchir, une fois qu’il est rentré dans la banque, le jeu est fini. » |
Le jeu, c’est la loi anti-blanchiment qui a été votée il y a deux ans. Elle oblige a dénoncer tout client suspect. Certains la trouve déjà trop répressive, cet avocat, par exemple. Ses clients Silvio Berlusconi, Omar Bongo ou encore Pavel Borodine, l’intendant du Kremlin, autant de noms mêlés à des dossiers de blanchiment ou de corruption. | Me Poncet:: | | « Si j’étais un criminel, le seul pays au monde, en tout cas, ou je ne mettrai de l’argent, c’est la Suisse ! » | Reporter: | | « Pourquoi ? » | Me Poncet: | | « Parce que le système est conçu de telle manière en Suisse, la législation est telle, la manière dont on l’applique et dont le banquiers se l’auto applique est telle que un criminel a mille autres possibilités de recycler son argent a New York ou a Londres bien mieux qu’à Genève » |
Le procureur de Genève aimerait bien que cela soit vrai, mais hélas, il y a les intermédiaires financiers si peu coopératifs. M. Bernard Bertossa | | « Très souvent les intermédiaires se laissent aller à des opérations qui ont manifestement pour but d’occulter la réalité économique mais avec ce prétexte qu’il s’agit de favoriser l’évasion fiscale. » |
Ici on estime qu’il faudra trois ans au moins pour nettoyer complètement la place financière. Ce reportage a été réalisée pour le journal de 20h par France 2, la chaîne française numero 1 du service publique. |